Genèse

Le point de départ de cette création est une réflexion sur l’utopie du vivre ensemble. Cela prendrait racine dans l’expérience concrète de la troupe du Théâtre de l’Opprimé et de sa pratique du théâtre forum, en France et ailleurs. De ce travail jaillirait une dramaturgie de la relation entre les êtres humains, hier et aujourd’hui.

La création de cette « utopie créative» commence à Madère ou se réunissent cinq artistes venant de différents coins du monde, de différentes formes d’expression. Un musicien, un écrivain, un metteur en scène, une dramaturge et un vidéaste. Cette rencontre donne lieu à des échanges d’expérience, de volontés, de questionnements… Une proposition s’impose tout naturellement, porteuse qu’elle est autant d’actualité que d’histoire et…de fantaisie. La trajectoire d’une communauté créée par un groupe d’anarchistes italiens du 19ème siècle au Brésil : la Cecilia.

Un premier work in progress fut présenté au théâtre de l’Opprimé avec sa troupe.

Histoire

La Cecilia mettra 10 ans pour être conçu et 40 jours pour qu’ils traversent l’Océan.

Une communauté d’anarchistes, au Paraná, sud du Brésil, en 1890, un an après la fin de la monarchie brésilienne.

Partis de Gênes, à bord du bateau Città di Genova, ce groupe d’hommes et de femmes porte l’espoir de faire du rêve une réalité. Elle emporte avec elle des idéaux largement enavance au regard des mentalités de la fin du 19ème : ils dénoncent l’esprit totalitaire des gouvernants, ils souhaitent vivre dans une société organisée mais sans bureaucratie, sans argent ni propriété, sans Dieu ni maître… tout en prônant un mode de vie et une économie collective. Ils organisent donc leur communauté en mettant en pratique l’amour libre, en détruisent la notion de famille traditionnelle. Ce mouvement de départ est aussi à mettre en relation avec le contexte migratoire de l’époque. La fin de l’esclavage au Brésil, 1888, crée le besoin de main d’œuvre et encourage ainsi l’immigration économique. Parmi nos anarchistes on trouve des immigrés économiques mais aussi des intellectuels à la recherche du Nouveau Monde ou encore des femmes avancées sur la conscience de leurs droits.

Cette histoire est celle d’un voyage, d’une aventure, mais elle est avant tout l’histoire d’une rencontre entre deux mondes : une communauté aux idéaux libertaires et un monde tout juste sorti des carcans de la monarchie et de l’esclavage.

En somme « Remarquables Utopies » est un dialogue entre passé et présent. Un passé qui est l’histoire de la Cecilia et un présent qui est celui de l’expérience toujours renouvelée de la compagnie du Théâtre de l’Opprimé. Compagnie qui part sans cesse à la rencontre, elle aussi, de « Nouveaux Mondes » à travers les ateliers et les spectacles du Théâtre Forum.

Sur la scène des Remarquables Utopies quatre protagonistes historiques et trois contemporains se confrontent en mettant la lumière sur des problématiques vieilles de plus de cent cinquante ans. Ces problématiques sont celles que prend aussi à bras le corps les comédiens de la compagnie du Théâtre de l’Opprimé quand ils se confrontent aux citoyens des quatre coins du monde : l’égalité homme/femme, la violence, l’écologie, la liberté, etc.

La grande utopie qui s’écrit donc ici est bien celle du vivre ensemble au sein d’un territoire nouveau. Et la conquête de cette utopie se fera en dialoguant. Dialogue qui est la matière même de Théâtre Forum.

Création collective : Arrigo Barnabé, Filipe Ferraz, Isabel Ribeiro, José Ramón Fernandez et Rui Frati.

Direction Musicale : Toninho do Carmo

Portée à la scène par la Compagnie du Théâtre de l’Opprimé.